La bataille de Froeschwiller
le 6 août 1870

 

 

FROESCHWILLER  LE  6  AOUT  1870

 
Vers quatre heures de l’après-midi, le cercle ennemi était complet autour de Froescwiller, la dernière et la plus forte de nos positions. N’ayant plus une seule unité à engager pour protéger les débris des divisions qui y étaient entassées, Mac-Mahon fit avancer les quarante-huit pièces de sa réserve d’artillerie et les plaça à l’est du village. A peine eurent-elles le temps de tirer quelques salves que l’ennemi déboucha à l’improviste et réussit à enlever une douzaine de ces pièces. C’est durant cette phase de la bataille qu’eut lieu la légendaire contre-attaque du 1er tirailleurs algériens. Ce régiment, déjà éprouvé l’avant-veille à Wissembourg, avait été mis en réserve générale. Entrainé par le colonel Morandy, le régiment fut lancé en direction d’Elsasshausen sur ordre du maréchal. Les « turcos », par leurs hurlements et la rapidité de leur tir, déclenchèrent en quelques minutes la débandade dans les rangs ennemis, reprirent les canons perdus par la réserve d’artillerie et réoccupèrent le village. Malheureusement, leur succès fut éphémère. Les prussiens, ressaisis, les harcelèrent de flanc par des tirs d’artillerie et de mousqueterie si intenses que les tirailleurs perdirent 800 des leurs, avant de se replier vers Reichshoffen, épuisés et à court de munitions.

 

Ce fut alors la suprême défense de Froeschwiller vers lequel marchaient, concentriquement, les cinq corps d’armée du prince royal de Prusse. Parmi les décombres fumants, on vit l’agonie tragique des régiments de notre 3ème division d’infanterie. Le général Raoult, leur chef, qui dans cette défense désespérée avait montré une indomptable énergie, fut blessé gravement.

 

A cinq heures la bataille était définitivement perdue et la retraite vers Niederbronn commença sous l’habile direction du général Ducrot. Ce fut le 1er zouaves, posté à la lisière orientale du Grossewald, qui eut l’honneur de tenir tête – « le dernier de l’armée » - à la marée montante des bataillons prussiens et qui couvrit ainsi la retraite des vaincus. Mais ce sera surtout l’arrivée opportune de la division Guyot de Lespart (du 5ème corps) à sept heures du soir, qui évita là que la déroute ne se transforma en débandade. Les débris du 1er corps gagnèrent Châlons partie par Bitche, partie par Saverne et 4000 fuyards rejoindront la garnison de Strasbourg. Avec 6000 tués ou blessés et 9000 prisonniers, l’armée de Mac-Mahon avait perdu le tiers de son effectif ; mais il avait surtout perdu l’Alsace.